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Ramsès II

 

En 1279 av JC, le 27ème jour du troisième mois d'été, montait sur le trône d'Egypte à l'âge de 25 ans, Ramsès II, le fils de Sethi Ier. Il fut surnommé Ramsès le grand car tout dans sa vie portait le sceau du grandiose et de l'excès : son règne fut le plus long de l'histoire égyptienne (67 ans), il eut plus de cent d'enfants, il érigea plus de temples aux Dieux que les autres pharaons, ses représentations de pierre furent toujours d'immense colosse et non de simples statues.
Il fonda une nouvelle capitale sur le Delta : Pi-Ramsès (" la maison de Ramsès ") qui fut décrite comme une ville " fascinante et prospère ". La vie y était douce, les jardins luxuriants, les maisons décorées de carreaux bleus étincelants. Ce furent des esclaves hébreux qui travaillèrent dans la fabrique produisant les briques pour l'édification de cette nouvelle capitale, comme cela est écrit dans la Bible (exode 1, 11).
Pi-Ramsès, la capitale d'un pharaon pragmatique, connu le même destin qu'Akhetaton, l'éphémère capitale d'un pharaon poète : toutes deux surgirent du néant pour y retourner.
Ramsès II mourut juste après ses 90 ans. De tous les enfants qu'il avait eus, ce fut le 13ème, Meremptah, qui lui succéda montant sur le trône presque sexagénaire.
La frénésie architecturale de Ramsès II, son désir de se faire représenter sur des statues, des temples et des colosses avait fait de l'Egypte un immense chantier au service du souverain. Dans la 17ème année de son règne, on construisait ou agrandissait simultanément les temples de Louxor, d'Abydos, de Karnak et partout où il était possible de reproduire ou d'immortaliser dans la pierre la grandeur de Ramsès, sa puissance et sa gloire. Ramsès en personne se rendait dans les carrières pour choisir lui-même les pierres les plus belles.
Peu après être monté sur le trône, Ramsès se rendit à Abydos, mais il ne fut pas satisfait de l'état des travaux. Il donna l'ordre de terminer les travaux et d'arranger les constructions menacées de tomber en ruines. Toujours à la même époque, il entreprit également des travaux à Karnak, commencée sous le règne d'Amenhotep III, Ramsès II intervint dans les nefs latérales et créa cette différence de niveau qui permit la construction des baies avec claustra.
A Louxor, il fit construire une cour entourée d'un portique avec un pylône précédé de deux obélisques de granit et 6 statues colossales.  Sur le pylône sont gravés des textes du poème de Pentaour et des illustrations de la bataille de Qadesh. Des deux obélisques, il ne reste plus que celui de gauche, portant à la base cette inscription : " Ramsès aimé d'Horakhty, a construit le grand obélisque ". L'autre fut transporté à Paris, place de la Concorde : il y figure aussi la signature de Ramsès II avec l'inscription " Ramsès, aimé d'Atoum ".
Pendant ce temps de l'autre côté du Nil, sur la rive occidentale, surgissait le Ramesseum, son temple funéraire, où le pharaon avait voulu que se perpétuât sa mémoire en faisant tailler dans la pierre une statue colossale de 17 mètres de haut et pesant plus de 1000 tonnes.
Selon une inscription sur le temple nubien de Ouasi es-Seboua, Ramsès aurait eu  55 fils et autant de filles. Les avis des spécialistes divergent : Champollion et Lapsius attribuent au pharaon 160 enfants, James Breasted presque 200, et Farouk Gomaa, moins de 100. Quelle que soit la réalité, Ramsès II fut un souverain très prolifique, y compris à un âge assez avancé : un ostracon conservé au Louvre indique qu' " Un fils est né à Sa Majesté l'année 53 ", autrement dit quand le souverain avait 65 ans.
Si les études ne convergent pas sur le nombre d'enfants de Ramsès II, aucune controverse n'a surgi quant à la relation avec Néfertari, la Grande épouse Royale. Ramsès II eut 8 femmes, mais la plus importante et la plus aimée fut sans doute la première Néfertari, qu'il épousa alors qu'il était encore co-régent. Pour elle, Ramsès aurait fait construire le temple de " pierre fine, blanche et solide " d'Abou Simbel. La reine est représentée par des statues aussi hautes que celles de son époux à ses côtés.
Néfertari était peut-être une descendante de la famille d'Aï. C'est en tant qu'épouse principale de Ramsès qu'elle apparaît toujours aux côtés du souverain dans les cérémonies officielles et religieuses. Elle est celle qui donna au pharaon son premier fils, Amonherkhepshef. Néfertari mourut vers la 30ème année du règne de son époux. Pour elle, il fut creuser la tombe la plus somptueuse de la Vallée des Reines. On voit la Reine présentée avec une grâce infinie des coupes de vin à la déesse Hathor, ou tenir de manière impérieuse dans la main le sceptre sekhem devant Osiris et Atoum, ou encore maquillée savamment et portant une longue tunique blanche, jouer au senet.
La victoire que Sethi Ier, père du pharaon, avait remportée à Qadesh sur les Hittites ne s'était pas révélée définitive. Ainsi Ramsès, au début de sa 5ème année de règne, décida d'affronter à nouveau l'épineuse question syrienne. Avant toutes choses, il renforça l'armée en ajoutant une 4ème division aux trois déjà existantes. De plus, l'armée de Ramsès II possédait ces chars de guerre que les Egyptiens avaient hérités des Hyksôs et qu'ils avaient intelligemment perfectionnés, les rendant plus rapides et plus légers : le char était conduit par un expert des chevaux et transportait un soldat muni d'un arc et de flèches. Le harnais des deux chevaux, à la hauteur de l'encolure et du poitrail, permettait une maniabilité plus facile.
Avec 20.000 hommes et 200 chars de guerre, Ramsès II en 1275 av JC, partit d'Egypte. Il adopta la même stratégie que Thoutmosis III, il parcourut la frange de Gaza, arriva au pays de Canaan, remonta la province de Galilée jusqu'aux sources du Jourdain et atteignit finalement la large vallée de la Beqaa qui s'ouvrait entre le Liban et l'Anti-Liban. Un mois après son départ d'Egypte, Ramsès II établit son campement à moins de 10 Km de la ville fortifiée de Qadesh, place forte Hittite sur le fleuve Oronte. Là, le roi Hittite Muwatalli avait formé une puissante coalition et se trouvait à la tête d'une armée de 40.000 hommes et 2.500 chars de guerre.
La bataille de Qadesh avait une importance décisive et chacun des deux camps le savait : là se jouait la domination sur le territoire syro-palestinien.
Ramsès II fit capturer deux bédouins déserteurs de l'armée hittite. Ceux-ci lui donnèrent des fausses information : Muwatalli se trouverait à plus de 100 km au nord de Qadesh. Le pharaon tomba dans le piège et ordonna à une des divisions de traverser le fleuve Oronte et d'approcher Qadesh par la forêt de Robawi. Aussi tôt les hittites qui étaient en réalité très proches à l'est de la ville, attaquèrent la dernière division qui était encore en marche vers le campement de Ramsès II qui était toujours occupé à examiner la tactique à appliquer en vue du combat.
En pleine attaque ennemie, alors que tout semblait perdu, le pharaon se lança dans le combat monté sur son char avec son écuyer Menna. Seul, abandonné par ses soldats déconcertés et terrorisés, Ramsès s'adressa à Amon " O toi, divin Amon, à présent que je suis seul et que tous m'ont abandonné, je tends vers toi mes mains et je t'adresse ma prière ! N'es-tu pas plus fort que mille archers et des milliers de héros ? ". Amon entendit son invocation : Ramsès animé d'une fureur sacrée, sa jeta dans le combat, blessant et tuant de nombreux ennemis, créant le désordre dans les rangs hittites et donnant le temps aux autres divisions égyptiennes d'arriver au champ de bataille et de prendre l'ennemi par le flanc. En réalité, la bataille de Qadesh qui se poursuivit jusqu'au lendemain n'eut ni vainqueurs ni vaincus. Elle fut néanmoins majeure pour deux raisons : d'abord parce qu'elle réaffirma la puissance militaire égyptienne et freina l'expansion hittite ; et deuxièmement, parce qu'elle fut la première bataille de l'Antiquité à être détaillée dans toutes ses phases.
En plein territoire nubien, donnant pic sur le fleuve Nasser, deux collines naturelles s'élevèrent à 150 mètres l'une de l'autre. Tel fut l'endroit choisit par Ramsès pour ériger son temple " de million d'années ", consacré en théorie à Amon, Ptah et Rê-Horakhty, mais en pratique, construit pour glorifier sa propre personne. Abou Simbel est un grand symbole de pierre, un hymne colossal adressé à Ramsès II et affirmant son caractère divin.
Dans la roche de la montagne fut sculptée la façade de 38 mètres de long et de 31 mètres de haut. Les colonnes sur lesquelles elle s'appuyait étaient les 4 statues du pharaon assis sur son trône, de 20 mètres de haut, de plus de 4 mètres entre les deux oreilles, de plus d'un mètre pour le simple dessin de la délicate ligne des lèvres. Ces " statues immense et superbes ", comme les définissait Champollion, sont aussi magnifiques que délicates dans les traits des visages.


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