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La Naissance des Hiéroglyphes

 

Les premiers symboles

  Il est toujours difficile, voire impossible de reconstruire la génèse d'une écriture. Les signes alphabétiques semblent avoir été présents dans le système hiéroglyphique dès le départ. Il est même surprenant de constater que leur proportion dépasse 50% dans certains textes de l'Ancien Empire. Mais encore plus surprenant est que les égyptiens n'ont pas poursuivi dans cette voie, laissant le soin à d'autres d'inventer l'alphabet.
  Les égyptiens étaient habitués à représenter directement leur idées (ils dessinaient une table pour vouloir dire table, une chaise pour une chaise, etc.). L'expression des sons n'était , dans leur écriture idéographique, qu"un moyen auxiliaire. 

Une science magique

  Pour les égyptiens, la langue et l'écriture entrent dans une vision totalisatrice du monde. A savoir que le mot et la chose qu'il désigne ont un lien étroit. Mais si cette écriture est divine, elle est aussi douée de pouvoirs. L'une des grandes croyances égyptiennes, celle de Memphis, décrit le créateur Ptah, donnant naissance au monde par le seul pouvoir de la parole. De même "prononcer les bonnes formules" est un lieu commun de la magie, dans quelque domaine que ce soit. La majorité des formules finissent d'ailleurs le plus souvent par une indication comme celle-ci écrite en rouge : "parole à dire sur ...".
  Les textes funéraires fonctionnent de la même façon.

Lire les Hiéroglyphes

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  L'écriture hiéroglyphique "Medou-Netcher" ou "langue divine" est le don du Dieu Thot au peuple égyptien. Restée pratiquement immuable durant 3.000 ans du fait de son caractère sacré, elle n'est utilisée qu'à des fins rituelles et officielles. L'écriture hiératique (cursive), dérivée d'une simplification des hiéroglyphes, sert aux fins administratives et littéraires, et se voit remplacée par l'écriture démotique au cours de la 3ème période intermédiaire. Les hiéroglyphes sont gravés ou peints mais jamais écrits. Chaque signe hiéroglyphique a son équivalent hiératique.
  Les hiéroglyphes, très décoratifs, sont des petits dessins disposées en rangées (ou en colonne). Il n'y a pas de séparation entre les mots et peuvent être gravés de droite à gauche ou de gauche à droite indifféremment. Ce qui distingue le sens de lecture est le sens dans lequel regarde les animaux : par exemple, si le faucon à la tête à droite (et donc le reste du corps à gauche), c'est qu'il faut lire de gauche à droite et inversement.
  S'il a fallu longtemps pour décrypter les hiéroglyphes, c'est qu'ils ne ressemblent à aucun système d'écriture connu. En effet, il ne s'agit ni de pictogrammes, ni de signes alphabétiques ou syllabiques purs. Certains hiéroglyphes correspondent à un seul son (monolitères), d'autres à une combinaison de 2 ou 3 sons (bilitères ou trilitères). D'autres encore transmettent une idée plutôt qu'un son (idéogramme). Enfin un signe particulier (déterminatif) qui ne se prononce pas est parfois ajouté pour indiquer que le symbole forme une unité. Tous ces hiéroglyphes sont trompeurs car ils sont uniformes mais aucune caractéristique n'en trahit l'usage.
  C'est la pierre de Rosette qui a permit de fournir la clé de ces hiéroglyphes. En effet, ce fragment de stèle trilingue (conservé au British Museum) porte l'inscription d'un décret royal datant de 196 av JC gravé en caractère hiéroglyphiques, démotiques et grecs (le grecs étant la langue de la Dynastie des Ptolémées qui régnait alors).

La fin des hiéroglyphes

  La christianisation de l'Egypte intervient au 1er siècle de notre ère. La diffusion des textes sacrés y est facilitée par l'adoption de l'alphabet grec, plus simple que les complexes hiéroglyphes égyptiens. Les premiers Coptes (Chrétiens égyptiens) continuent donc à utiliser leur langue maternelle, directement issu de l'ancien égyptien mais apprennent à écrire en caractère grecs. Elle ne survivra qu'à de strictes fins religieuses après conversion de l'Egypte à l'Islam et à l'adoption de l'arabe.
  A l'église, les offices seront conduits en copte jusqu'au début de notre siècle. Ainsi la langue des pharaons s'est maintenue vivante grâce à la tradition copte, mais pas leur écriture. Le secret des hiéroglyphes s'estompe graduellement après l'avènement du christianisme en Egypte, jusqu'à l'oubli total en l'an 500. La dernière inscription hiéroglyphique connue figure sur un mur du Temple d'Isis à Philae.
  Près de 1300 ans vont s'écouler avant qu'un jeune savant français de Grenoble, Jean François Champollion ne perse le secret des hiéroglyphes en 1824. Entre temps, les voyageurs restent fascinés mais frustrés de ne rien pouvoir déchiffrer des inscriptions qui accompagnent les scènes représentées. Ainsi, certaines interprétations des symboles vont se révéler totalement fausses. C'est seulement après la découverte de Champollion qu"une étude systématique de l'Egypte ancienne et de sa culture a pu s'amorcer.


Dernière Mise à Jour dimanche 27 octobre 2013~~ Copyright 2005 - 2013. Tout droits réservés ~~